Vendredi dernier, notre liberté a été touchée. Sept attentats ont frappé simultanément Paris dans différents endroits de la capitale dont notre arrondissement, le 10e. Ce soir-là nous étions en plein championnat par équipes, certains joueurs à l’extérieur mais près de 20 joueurs de notre club (40 au total) dans le dixième arrondissement à seulement quelques mètres d’un attentat meurtrier qui a fait près de douze victimes et des dizaines de blessés. A quelques heures, voire même quelques minutes avant la tragédie, certains sont passés devant « le Carillon » et « Le Petit Cambodge » là où nous avions l’habitude de boire quelques coups et de manger après l’entrainement. Nous avons eu la chance d’avoir championnat ce soir-là et que nous nous trouvions tous ensemble dès 20h.
Apprenant la nouvelle, nous étions tous inquiets, nous avions tous peur. Peur de sortir dehors et de voir l’horreur se dessiner. Peur de ne pas vraiment savoir ce qui se passait à quelques mètres de nous. Peur que nos proches soient victimes de ces horribles attentats. Peur de voir la réalité en face. Pourtant, nous avons tous montré que nous étions avant tout une grande famille, même dans les situations les plus terribles. Six joueurs étaient en déplacement dans le 17e arrondissement pour une compétition. Très inquiets pour leurs amis, SMS, mails, appels, tous les moyens étaient bons pour se rassurer. Le cœur n’y était plus vraiment pour jouer, nous pensions avant tout à nos proches, à nos familles, à nos amis. Au gymnase Jemmapes, dans le 10e, tous ont été solidaires, tous ont voulu montrer qu’avant tout il fallait rester uni malgré la peur qui nous rongeait.
Au moment de partir du gymnase, vers minuit, la réalité et la tristesse nous ont rattrapées mais nous restions ensemble. Certains ont dormi chez les uns, chez les autres, d’autres sont partis en groupes pour ne pas se retrouver isolés. Même le gardien proposait d’aider nos joueurs. Tout le monde a pu rentrer chez soi, tout le monde était sain et sauf. Les messages et mails ont continué jusqu’à tard dans la nuit pour se rassurer, pour savoir si tout le monde était bien rentré. Même ceux qui ne jouaient pas ce soir-là étaient inquiets et nous ont envoyé des messages de soutien.
Dans quelques jours, nous repasserons devant les lieux meurtris par ces attentats là où nous aimions tant aller. Notre regard sera différent, nous repenserons à ce vendredi 13, où notre histoire a écrit une nouvelle page. Mais nous avancerons, unis et solidaires, comme nous le faisons depuis maintenant 80 ans.
Nous sommes le CPS 10.
Julien Bieganski, Vice-président CPS 10 _ Président de la section tennis de table CPS 10
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